68% des véhicules en Amérique du Nord sont noirs, blancs, ou gris, et plus de 70% sont des camions ou des VUS. Il n’y a rien de mal dans le fait que les gens veulent des VUS noirs, mais soyons honnête, parfois, ça peut donner l’impression que toutes les autos sur la route finissent par se ressembler.
Ce phénomène-là est par ailleurs encore plus vrai aujourd’hui grâce aux conglomérats ou alliances entre les manufacturiers. Prenez le Nissan Rogue et le Mitsubishi Outlander par exemple, ils sont différents, mais pas tant que ça non plus… Même histoire chez Hyundai et Kia avec des véhicules comme les Kona et Seltos, Santa Fe et Sorento ou Palisade et Telluride. Bref, ce que nous voulons dire ici, c’est que même si leur présentation est différente, lorsque les ingrédients de base sont les mêmes, ces véhicules finissent un peu par tous avoir mal le même goût.
Mais Hyundai ont compris ce phénomène. Ils ont compris qu’en mélangeant les meilleurs ingrédients de leur menu avec d’autres ingrédients que personne n’oserait mettre dans la recette originale, peut-être qu’ils arriveraient à créer le nouveau plat favori de certains de leurs clients. L’espèce d’équivalent automobile de la pizza hawaïenne. Et le plus récent véhicule chez Hyundai que nous avons essayé porte un nom tout aussi cool – le Santa Cruz.
Si pratiquement tout le monde aime la pizza et les ananas comme pratiquement tout le monde aime les VUS et les camionnettes, lorsqu’on les mélange ensemble, c’est une tout autre histoire! Après avoir passé deux jours en Santa Cruz 2022, nous avons constaté que la très grande majorité des gens qui l’observaient pour la première fois avaient presque tous la même réaction – qu’est-ce que c’est que ça ?! Et aujourd’hui, c’est précisément ce que nous allons vous expliquer!
Un format plutôt unique
Si on débute avec son format, ce n’est pas vraiment une camionnette, car pour vous donner une idée, le Hyundai Santa Cruz est 15 pouces plus court que le nouveau Nissan Frontier. Il n’est pas vraiment un VUS non plus, car même s’il est basé sur la plateforme du Tucson et que les deux se ressemblent un petit peu de face, le Santa Cruz a tout de même une boîte à l’arrière…
Certes, plusieurs le comparent au nouveau Ford Maverick et même si leurs dimensions sont similaires, le Maverick ne peut remorquer que 2000 lb (4000 lb si vous optez pour le package remorquage) et il n’offre la traction intégrale que sur une version. Dans le cas du Santa Cruz, la traction intégrale est offerte de série au Canada et il peut remorquer 5000 livres. En fait, son concurrent le plus proche est probablement le Honda Ridgeline, mais encore là, le Ridgeline est un peu plus gros, et disons que côté look c’est deux philosophies complètement différentes!
Hyundai le disent ouvertement, le Santa Cruz n’a pas été conçu pour être une camionnette concurrente au Maverick ou au Ridgeline. Leur but était de répondre à une niche de consommateurs désirant tout simplement quelque chose d’un peu plus robuste et pratique qu’un VUS. D’ailleurs, ils ont même trouvé un acronyme pour leur nouveau segment, soit VAS, pour Véhicule Aventure Sport. À première vue, on pourrait penser que c’est encore une invention du département marketing qui ne veut rien dire, mais en réalité, ça fait plus de sens qu’on pourrait croire.
Premièrement, il a quatre roues, un volant et un moteur, alors on peut dire que Hyundai ont raison, le Santa Cruz est définitivement un véhicule. Mais il faut dire aussi que c’est un beau véhicule. D’avant, il n’est pas sans rappeler le Tucson, quoiqu’encore mieux réussi à nos yeux, car plutôt qu’être flanqué de huit lamelles lumineuses de chaque côté de la calandre qui forment les phares, on en retrouve seulement quatre. Le résultat a donc moins l’air d’un bijou, il est plus masculin, et c’est le même principe avec le pare-chocs qui se veut plus carré et plus simple.
Sur les côtés, le Santa Cruz 2022 est muni de belles jantes de 18 pouces ceinturées par des arches assez musclées avec une grosse section en plastique de fini gris. On retrouve également cette finition sur le pilier C qui plonge vers la boîte et qui sépare la section avant de VUS à la section arrière de camionnette du Santa Cruz. Ce n’est pas sans rappeler le fameux style « Mullet » ou « Coupe Longueuil » du fameux Chevrolet El Camino qui est presque l’ancêtre philosophique du Santa Cruz quand on y pense.
Si le dicton du El Camino était “Business in the front, party in the back”, c’est la même histoire avec le Santa Cruz puisque c’est littéralement à l’arrière le party. Les feux à DEL en forme de T sont très originaux et ne ressemblent à rien d’autre chez Hyundai. On retrouve évidemment une petite boîte qui est munie d’un couvert rétractable ou « tonneau cover » pour garder votre équipement de camping au sec, et on retrouve aussi une prise de courant 115V pour brancher un compresseur pour gonfler votre paddleboard par exemple. Si les planches de 4×8 sont plus votre tasse de thé que les paddleboards, sachez qu’avec une boîte de 4 pieds 4 pouces, ces planches risquent de déborder du caisson. Par contre, si vous devez vous désaltérer, sachez qu’un compartiment hermétique se trouve sous le plancher de la boîte, idéal pour garder votre bière au froid dans la glace lors avant un match de football.
Donc pour la boîte du Santa Cruz, ce n’est pas un Ford F-150 mais c’est quand même mieux qu’un VUS, et pour les soirs ou les fins de semaine, disons que les gens chez Hyundai semblent avoir bien compris le sens de l’expression « party in the back ». D’ailleurs, ces gens-là doivent être fiers de leur coup puisqu’on retrouve l’inscription « designed in California » dans les feux, car vous devez savoir que le Santa Cruz est une création du studio de design d’Irvine en Californie qui se trouve à plus ou moins six heures de route au sud de la ville de Santa Cruz. Et justement, le Santa Cruz a un look très californien. Du genre le surfer un peu rebelle à l’extérieur, mais quand même geek en son for intérieur.
Habitacle très technologique
L’intérieur du Santa Cruz est à la fine pointe de la technologie et il faut dire aussi que les éléments de design sont nettement moins polarisants qu’à l’extérieur. Donc si on observe les places arrière, c’est un peu plus serré que le Tucson pour donner plus d’empattement à la boîte, mais ça se compare quand même à d’autres camionnettes comme le Colorado par exemple. On a évidemment du rangement sous les sièges et même une petite fenêtre qui s’ouvre manuellement au centre de la lunette arrière.
À l’avant, le cockpit est bien défini avec des lignes qui divisent le tableau de bord en deux et qui se rejoignent à l’écran tactile de 10,25 pouces affichant la très intuitive infographie du système multimédia Hyundai. Il est évidemment compatible avec Apple CarPlay et Android Auto. Ensuite, contrairement au Tucson, on ne retrouve plus de boutons de vitesses dans la console, car c’est le retour du bon vieux levier de vitesse qui donne davantage l’impression de se trouver à bord d’un camion, un très bon coup de la part de Hyundai selon nous. Même chose pour la configuration à 4 branches du volant que l’on adore puisqu’elle permet de tenir la roue de plusieurs façons. Derrière le volant, les cadrans sont digitaux et les thèmes changent selon les modes de conduite, mais curieusement, les thèmes ne changent pas lorsqu’on passe aux modes hors route, ce qui aurait été un petit plus, mais qui n’est pas vraiment grave non plus.
Donc pour ce qui est de l’habitacle du Santa Cruz, la présentation est vraiment très belle, c’est spacieux, c’est techno, et c’est également plus haut de gamme que ce que propose le Honda Ridgeline ou que le nouveau Ford Maverick. Par contre, il ne faut pas perdre de vue que ce ne sont PAS des Véhicules Aventure Sport et donc, ils ne sont pas des concurrents directs non plus!
Véhicule Aventure Sport… Vraiment?
Si le mot Véhicule a été facile à démontrer, qu’en est-il des mots Aventure et Sport? Peut-on vraiment parler d’un VAS?
Débutons avec l’aspect aventurier. Ici, il faut savoir que Hyundai ont doté le Santa Cruz d’une suspension plus robuste par rapport à celle du Tucson. La garde au sol est un peu plus haute et les amortisseurs ont un système hydraulique autonivelant à l’arrière pour faciliter le remorquage lorsque vous partez à l’aventure. Comme mentionné plus haut, la capacité de remorquage du Santa Cruz est de 5000 lb, la traction intégrale est offerte de série et on a droit également à de plus gros freins pour nous aider à mieux ralentir en remorquant. La visibilité est également excellente et si on ajoute ça à tous les petits trucs polyvalents et désaltérants qu’on retrouve dans la boîte, disons que le Santa Cruz coche aussi facilement la case de l’aventure.
Évidemment, avec une garde au sol de 8,6 pouces, ne vous attendez pas à suivre un Jeep Wrangler dans les sentiers boueux, mais s’il a réussi à se faufiler partout sur la piste de motocross pendant notre essai, il ne devrait pas y avoir de problèmes sur les chemins de terre pour aller à la pêche ou en camping.
Le Santa Cruz peut donc s’aventurer sans problème dans un petit coin de paradis perdu, mais peut-on faire ça de façon sportive? Premièrement, ce qu’il faut noter ici est qu’on a droit à un seul moteur au Canada, soit le 4 cylindres de 2,5 litres turbocompressé développant 281 chevaux et 311 lb-pi de couple. Niveau transmission, le Santa Cruz est muni d’une boîte automatique à double embrayage à 8 rapports qui transmet la puissance aux 4 roues. Donc sur papier, c’est assez sportif. Mais après l’avoir essayé sur la piste de drags de St-Élie Motorsports, nous sommes en mesure de vous confirmer que le Santa Cruz est aussi sportif sur le bitume.
Il est plus maniable que ce à quoi nous nous attendions et l’ADN du Tucson se fait ressentir dans le volant qui est très précis. La transmission est particulièrement bonne quand on met la pédale au plancher et même si munir une camionnette d’une boîte à double embrayage est une décision controversée, c’est la bonne selon nous puisque la conduite du Santa Cruz s’approche davantage de celle d’une voiture. Elle est ainsi plus plaisante que celle d’une camionnette.
Alors pour l’aspect sportif, le Santa Cruz l’a encore plus que celui d’aventurier, ou du moins c’est un savant mélange, un peu à son image finalement. Car en mélangeant des styles différents, des technologies différentes et des éléments mécaniques différents, on se retrouve avec quelque chose d’unique, d’excentrique, d’original, peut-être un peu loufoque aux yeux de certains, mais qui ne sera jamais confondu avec une autre auto! Et avec un prix entre 38 000$ et 45 000$, le Santa Cruz a tout ce qu’il faut pour répondre à ce marché niche. Il a d’ailleurs été le véhicule s’étant vendu le plus rapidement au cours du mois d’août aux États-Unis puisqu’il a trouvé preneur en seulement huit jours, versus la moyenne de l’industrie qui s’élève à 26 jours. C’est ce qu’on appelle un petit pain chaud!
Pour ne rien manquer de l’actualité automobile et pour découvrir nos essais routiers, suivez AutoPassion sur YouTube!