Par Felix Diamond
Chroniqueur chez AutoPassion
Comme chaque année depuis les débuts d’AutoPassion, notre petite équipe s’est réunie afin de dresser le palmarès de nos coups de cœur parmi les véhicules que nous avons essayés. Encore une fois, nous couronnons un véhicule dans trois catégories distinctes, soit :
- Voiture de l’année
- VUS de l’année
- Véhicule de l’année (toutes catégories confondues)
Alors sans plus tarder, voici notre voiture coup de cœur 2024.
Voiture de l’année : Mercedes-AMG SL63
Je vous le dis tout de suite, nos autres vainqueurs sont plus rationnels qu’une décapotable munie d’un V8 biturbo de 576 chevaux dont le modèle que nous avons mis à l’essai valait la bagatelle de 287 000$. Mais dans les circonstances, qu’aurions pu nommer d’autre?
Chez AutoPassion, notre mission n’est pas de vendre ou de critiquer de façon négative quelques véhicules que ce soit. Notre mission est de raconter les véhicules que nous essayons. Ainsi, pour célébrer nos 25 000 abonnés sur YouTube, il n’y avait rien de mieux que la nouvelle SL pour vous raconter l’histoire du modèle qui, probablement, se veut le plus mythique en automobile!
Une histoire incomparable
Née en 1952, la 300 SL a été la première voiture de course d’après-guerre conçue par Mercedes-Benz. SL signifiant Super Leicht ou Super légère, la 300 SL (W194) était non seulement légère, elle était aussi puissante, maniable et fiable. À sa première année en compétition d’endurance, elle se hissa notamment aux premières et deuxièmes marches du podium des 24h du Mans et remporta les quatre premières places au Nürburgring. En fait, la pire performance de la SL en course d’endurance en 1952 était lors de sa première épreuve, au fameux Mille Miglia en Italie, où elle avait terminé en seconde position.
Après un tel succès, Mercedes prit une pause dans la catégorie d’endurance afin de mettre son savoir-faire dans le développement de la W196 R, sa première voiture d’après-guerre en « Grand Prix », maintenant devenu « Formule 1 ». Dès 1954, avec l’exceptionnel Juan Manuel Fangio derrière le volant, ce n’est rien de moins que quatre courses sur neuf que l’écurie remporta, et ce, malgré son absence aux trois premières épreuves de la saison. C’était une domination totale!
Mercedes-Benz a donc pris la décision de retourner en course d’endurance en 1955 en faisant passer le moteur de la W196 R de 2,5 litres à 3 litres, créant la 300 SLR, qui aujourd’hui, est de loin l’auto qui vaut la plus chère au monde toutes marques confondues, mais pour une raison somme toute plutôt sinistre. Car malgré avoir remporté cinq épreuves sur six lors de cette saison historique, c’est malheureusement la course que Mercedes a abandonnée qui mit fin à son compte de fée.
Le 11 juin 1955 aux 24 heures du Mans, le pilote français Pierre Levegh emboutit l’arrière d’une Austin-Healey, catapultant sa 300 SLR en flames dans la foule. 83 spectateurs perdirent la vie cette journée-là, plus Levegh. Dévasté, Mercedes-Benz se retira de l’épreuve et après la saison, se retira complètement de la course automobile pendant plus de trois décennies.
La réputation de sécurité de Mercedes découle de la SL
C’est suite aux 24 heures du Mans 1955 que Mercedes-Benz s’est mise à investir plus que toutes les autres marques dans la sécurité de ses produits et aujourd’hui, cette facette constitue encore une grande partie de son identité.
La 300 SL "Gullwing"
Bien que la tragédie du Mans 1955 aurait pu sonner la fin de la SL, heureusement, ce n’est pas ce qui est arrivé. Max Hoffman, un Autrichien expatrié à New York pendant le temps de la guerre et devenu importateur de véhicules européens aux États-Unis au tournant des années 50, a convaincu personnellement les dirigeants de Mercedes de faire une version de route de la SL qu’il vendrait aux riches Américains. Pour leur montrer à quel point il était sûr de son coup, il en a commandé 1 000, leur a donné un dépôt de sa poche et en 1954, la légendaire 300 SL Gullwing était dévoilée au Salon de l’auto de New York créant tellement d’engouement, que Mercedes a fait de Hoffman l’importateur exclusif de la marque aux États-Unis, ce qui est rapidement devenu leur marché numéro un.
Hoffman a ensuite convaincu Mercedes de faire la 190 SL, une version décapotable, moins puissante et moins chère que la 300, et a également convaincu d’autres marques européennes de se lancer elles aussi dans le segment qu’il venait littéralement de créer, ce qui a donné lieu à la BMW 507, la Porsche 356 Speedster, et l’Alfa Romeo Giulietta Spider.
70 ans plus tard, qu’est devenue la SL?
Ainsi, la SL, Max Hoffman et la sécurité ont tous contribué à forger ce qu’est devenu Mercedes post 1955, mais la question est, aujourd’hui, 70 ans plus tard, que reste-t-il de tout ça?
À 4 321 lb, on ne peut plus dire que la SL est encore Super Leicht. Toutefois, avec les roues arrière directionnelles, la traction intégrale et surtout, un V8 bi turbo de 577 chevaux et 590 lb-pi de couple, on ne sent pratiquement pas qu’elle est lourde. Les accélérations sont si brutales que nous avons enregistré 1,1 G sur notre piste, la voiture est sur des rails en virages grâce à une excellente répartition du poids et bien que son gros V8 n’est pas un poids plume, c’est surtout toute la technologie mise au profit de notre confort qui fait grimper le chiffre sur la balance.
Prenez par exemple la petite brise d’air chaud qui souffle dans notre cou lors des soirées plus froides. Certes, ce dispositif est lourd, mais qui s’en passerait lorsque vient le temps de dépenser plus d’un quart de million sur une décapotable?
La SL s’est donc certainement embourgeoisée au fil du temps, mais elle demeure toujours une bête de performances qui vous fera sourire à chaque extension du pied droit, le tout, dans un habitacle moderne et extrêmement luxueux.
Toujours aussi belle
Avec son long capot, son petit derrière avec très peu de porte-à-faux et son toit souple en toile qui est non seulement moins lourd, mais aussi beaucoup plus classe, la SL fait certainement tourner les têtes. Elle intègre également des éléments historiques, tels que les deux lignes au milieu du capot inspirées de la Gullwing 1954 et la calandre « Panamericana » qui découle directement de celle qu’arborait la 300SL à la Carrera Panamericana.
Sinon, les grosses prises d’air dans le pare-chocs, les gros freins livrables en carbone-céramique, le diffuseur arrière et les 4 pots d’échappement ressemblent beaucoup plus à ce à quoi AMG nous a habitués, et ce n’est pas le fruit du hasard.
L’ADN AMG
Car pour la première fois, la SL a été conçue spécialement par AMG, ce qui explique son tempérament plus sportif. Notez qu’au Canada, trois versions sont offertes, soit la SL55 à moteur V8 biturbo de 4 litres développant 469 chevaux et 516 lb-pi de couple, bon pour un 0-100 km/h en 3,9 secondes.
Ensuite, il y a la SL63 qui a le même bloc moteur, la même boîte automatique AMG SPEEDSHIFT à 9 rapports, 577 chevaux et 590 lb-pi de couple et un 0-100km/h en 3,6 secondes. Finalement, il y a la SL63 S E-Performance, aussi munie du même V8 biturbo mais qui a droit à un moteur électrique en plus puisqu’elle est hybride rechargeable. Sa puissance combinée est de 805 chevaux et tenez-vous bien, 1 047 lb-pi de couple, ce qui lui permet de faire le 0-100 km/h en seulement 2,9 secondes!
Quels sont nos autres vainqueurs?
Pour toutes les raisons mentionnées ci-haut, la Mercedes-AMG SL63 remporte notre titre de Voiture de l’année. Pour découvrir notre VUS de l’année et notre véhicule de l’année toutes catégories confondues, vous n’avez qu’à cliquer sur ces hyperliens!